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- Orchestre national de Lyon
- chœur Spirito
- B.O disponible chez Deutsche Grammophon et sur les plateformes d’écoute.
28 octobre 2025
« Ta-daa, ta-daa, ta-daa ! » Le roi Arthur est de retour. À l’occasion de la sortie au cinéma du nouvel opus de Kaamelott, rencontre avec le comédien – scénariste – réalisateur - metteur en scène – monteur – musicien – compositeur (ouf !) lyonnais, Alexandre Astier. Encore une fois, ce génial touche-à-tout en a enregistré la musique avec l’Orchestre National de Lyon. En vrai gone.
On le sait peu, mais votre premier univers artistique, c’est la musique ?
Alexandre Astier : Oui, jusqu’à mes 20 ans, je pensais que je serais musicien, toutes mes journées étaient consacrées à la musique, je ne faisais qu'écrire de la musique. Le reste est venu se greffer et a pris de la place sans que je m'y attende. Je suis d'une famille d'acteurs, j'ai fait des petits rôles, des remplacements, comme tout enfant d'acteur est amené à faire. J'ai toujours aimé ça et ça m'a pris. Et je crois que sinon quelque chose m'aurait manqué.
Pour ce Second volet – partie 1 de Kaamelott, vous avez composé la musique et à nouveau enregistré avec l'Orchestre National de Lyon (ONL).
Je rêvais de faire ma musique de film chez eux, ce qui représente d'ailleurs quelques aménagements, parce que ce n'est pas un orchestre dit « de musique de film » et il faut qu'ils fassent un trou dans leur planning extrêmement chargé pour pouvoir enregistrer la musique.
Je crois que c'est aussi parce que ce n'est pas leur spécialité que ça m'intéresse. C'est un orchestre d'Auditorium, ils choisissent tout, ils ont la cohésion musicale de gens qui voient du public toutes les semaines et qui partent en tournée. Et je trouve que le résultat est signé, comme ils en sont capables dans cette belle maison. Il y a beaucoup de personnalité dans leur interprétation.
Vous avez dirigé l’orchestre ?
Je ne suis pas chef, c'est Franck Strobel qui dirige la musique de Kaamelott. Moi, j'ai dirigé une fois, comme ça, mais avec cette impression de rentrer dans une maison, car ce n'est pas simplement un orchestre, c’est un lieu, l’Auditorium.
Je retourne enregistrer la deuxième partie au mois de février avec eux, et toujours avec le chœur Spirito. Ce qui fait plus d’une centaine de musiciens au total (125, ndlr).
Je ne suis pas super chauvin, mais je suis quand même fier de bosser à la maison.
Entre l’histoire et la musique, qui vient en premier ?
Il y a toutes les recettes possibles. Les thèmes de personnages, de lieux, ou de situation arrivent assez vite, mais juste au piano. Après, il y a des choses qui peuvent être arrangées plus tôt, mais à la fin, il y a une étape où il faut remonter le film par-dessus la musique. On n'enregistre pas, comme c'est le cas souvent dans la musique de film, avec l'orchestre et le chef qui suivent l'image. Nous, on enregistre comme si c'était un concert. Donc ça veut dire que je dois rebricoler le montage pour qu'il colle à la musique enregistrée, parce qu'il y a quelques petites différences entre les maquettes et les résultats.
Mêler cinéma et musique, c'est un défi ou une façon de réunir toutes vos passions ?
Je ne segmente pas les casquettes, je prends ça comme un tout, c'est un seul et même métier en fait. C'est comme dans une cuisine, vous avez vos ingrédients, vos ustensiles et puis il faut sortir un plat.
Pour moi, c’est aussi la possibilité de ne pas discuter et de ne pas chercher sans arrêt des consensus sur les choses. Ça m'évite d’avoir à formuler mes demandes à un compositeur et ça me permet une certaine spontanéité, en tout cas.
Comment décririez-vous la musique de ce nouveau Kaamelott ?
Je crois que ce volet-là, musicalement, est un peu plus « épouvante ». Il y a quelque chose d'angoissant, parce que les personnages partent en quête et sont amenés à vivre des situations un peu plus tendues et donc, naturellement, la musique suit.
Frank Strobel, qui est un chef allemand, a dit de la musique de Kaamelott qu'elle est dans la tradition française. Et ça m'a fait très plaisir parce que je revendique cet amour pour nos Français, pour nos Ravel, Debussy, Fauré…
J'ai contribué à "descendre" la production à Lyon
Côté cinéma, vous continuez de jouer avec vos amis lyonnais et de tourner dans la région. C’est important pour vous ?
Aux débuts de Kaamelott, il n'y avait rien en dehors de Paris, ou alors les grandes productions descendaient en région pour y prendre des subventions. C’était un peu absurde. Quand Kaamelott a commencé à avoir du succès, j'ai dit que je ne n’avais aucun intérêt à être à Paris. J'ai contribué à « descendre », comme on dit, la production à Lyon, parce qu'il y a autant de bons professionnels qu'ailleurs, avec, par exemple, le Studio 24 à Villeurbanne, et, en plus de ça, on bénéficie de décors naturels époustouflants alentour.
Comment s’exprime votre « lyonnitude » dans la vie ?
Déjà, j'ai été élevé dans un Lyon italien à Gerland (Alexandre Astier est d’origine italienne par sa mère, ndlr), à l'époque où il était rempli d'Italiens. Mon Lyon, c'est un Lyon très particulier avec des gens qui sont Italiens, qui bouffent italien avec des marchés italiens et des usines qui emploient des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Polonais… C'était un quartier très populaire avec une forte densité d'immigration. On vivait dans un entre-soi pas désagréable mais assez loin du centre, plus bourgeois. Sauf quand je suis entré au Conservatoire où j’ai côtoyé ce milieu. Aujourd’hui, je partage mon temps entre Lyon et l'Ardèche, et, à Lyon, j’habite en Presqu'île ainsi qu’une bonne partie de mes enfants. J'ai toujours eu une « patte » à Lyon, depuis 51 ans.
Mes lumignons, toute l'année sur la fenêtre
Le 8-Décembre, la Fête des Lumières approchent. Ça vous évoque des souvenirs ?
Est-ce que je le fantasme ou non, mais dans mes souvenirs d’enfance du 8-Décembre je revois plus de lumignons aux fenêtres que ce qu'il y a aujourd'hui. Moi, je suis un vrai Lyonnais, mes lumignons, ils sont toujours sur ma fenêtre, toute l'année. Je les récupère et je les allume le 8, mais sinon ils sont là tout le temps ! Avec le risque qu’ils tombent sur quelqu’un. Mais tous les Lyonnais se sont déjà posé cette question, non ?
La B.O. de Kaamelott avec l’ONL, dirigé par le chef d’orchestre Franck Strobel, et le chœur Spirito, est disponible chez Deutsche Grammophon et sur les plateformes d’écoute.
Crédit image : © Fred Mortagne