
Philippe Geluck : “Le Chat parle à tout le monde”
23 septembre 2025

Du 3 octobre au 1er mars 2026, près de vingt sculptures monumentales du Chat de Philippe Geluck déambulent au parc de la Tête d’or. L’occasion de faire autrement connaissance avec cet animal bonhomme, un poil insolent mais indéniablement sympathique.
Ce Chat, d’où vient-il ?
Il est né le 3 mars 1983 sur ma table de la salle à manger, suite à une demande du journal Le Soir, à Bruxelles, à des dessinateurs d’inventer un personnage qui pourrait alimenter un supplément hebdomadaire du quotidien. Un journaliste m’a proposé de participer à ce casting. Je me suis alors souvenu d’avoir dessiné, en 1980, un carton de mariage de remerciement et je nous avais représentés, ma femme et moi, sous forme de chats. J’ai utilisé ce chat portant des lunettes rondes comme les miennes, je l’ai mis debout, je lui ai mis un manteau et fait dire deux-trois inepties qui ont fait rire la rédaction. Il a été retenu.
Je raconte cette histoire dans mon prochain album L’origine du Chat (éd. Casterman, sortie en octobre).
Selon vous, à quoi son succès est-il dû ?
C’est compliqué. En 1, il y a évidemment la qualité exceptionnelle du travail et la haute philosophie du Chat (rires). Non, je pense que c’est comme une histoire d’amour ou d’amitié. C’est parce que c’est lui. Parce qu’il y a en lui une bonhommie et en même temps une insolence qui, je crois, plaît à beaucoup de monde. C’est-à-dire qu’il peut balancer des énormités naviguant entre la crétinerie basique qu’on aime partager au bistrot et une espèce de philosophie qui fait qu’il est apprécié par tous les âges.
Et il parle à toutes les catégories socio-culturelles. Ça m’enchante parce que je n’aime pas trop les oeuvres réservées à une élite quelconque.
Pourquoi une exposition de sculptures ?
J’ai revu par hasard l’exposition de Botero en 1992 sur les Champs-Élysées et ça m’est apparu comme une évidence. Je me suis dit que je devais être le suivant, mon Chat est gros comme les personnages de Botero. Et venait à ce moment-là la crainte de ne pas réussir à réunir le budget pour le musée du Chat et du Dessin d’humour que je veux ouvrir à Bruxelles fin 2027. Je me suis lancé dans la production complètement folle et risquée de 20 sculptures monumentales en bronze à exposer dans l’espace public. Je l’ai fait avant de savoir que Paris serait d’accord de les accueillir.
L’intégralité du bénéfice de la vente des sculptures à un collectionneur privé, une société, une commune… rejoint la cagnotte du budget du musée du Chat et du Dessin d’humour. Pour servir un projet culturel et joyeux à Bruxelles, qui ne sera pas uniquement consacré à mon travail !
Quelle image avez-vous de Lyon ?
Déjà, le lieu d’exposition qui nous a été proposé, le parc de la Tête d’or, est magique (ndlr : dans l’allée de la porte des Enfants du Rhône à la roseraie) ! On prépare cela avec beaucoup d’enthousiasme.
Lyon est une ville qui me parle. Que je ne connais pas intimement mais qui a quelque chose de très fort. J’aime ce qui n’est pas uniforme dans cette ville, on passe d’une rive à l’autre, d’un quartier à l’autre. J’aime la place des Terreaux avec la sculpture de Bartholdi en face du musée des Beaux- Arts. Et cette improbable basilique de Fourvière, c’est impressionnant ! Les bouchons lyonnais aussi. J’adore la cuisine. Je pense que si ça n’avait pas marché dans le domaine artistique, je serais parti dans la restauration.
Crédit image : © Studio FiftyFifty