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- Publié le 12 février 2019

Ada Hegerberg : "Les jeunes filles doivent faire ce qu’elles veulent de leur vie"

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Rencontre avec l'attaquante de l'OL Féminin, 1er ballon d'or de l'histoire du football féminin et joueuse comblée.

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Tout va bien ?

Ada Hegerberg : Ça fait 4 ans que je suis ici à Lyon et, depuis le premier jour, je me sens comme à la maison, franchement je suis bien. Les joueuses, le staff, le club... tout le monde est bien à sa place ici, les ambitions et les moyens aussi ! L’OL fait tout pour réussir et pour avoir la meilleure équipe en Europe et, peut-être, dans le monde – j’espère – (rire). L’OL s’investit beaucoup dans le domaine du foot féminin, c’est, je crois, un véritable modèle aujourd’hui pour la planète foot et pour toutes les femmes qui jouent au foot. Un grand merci au président Aulas, visionnaire et très novateur dans le domaine. J’espère qu’il ne quittera jamais notre équipe parce que là, Lyon est vraiment un exemple à suivre.

Je suis 100% pro, je vis pour le foot, c’est mon travail, ma passion, je me donne tous les moyens pour réussir mais il très important de dire que ça ne vient pas tout seul et que le club, le président et les joueuses investissent depuis longtemps dans l’équipe. C’est toujours avec le temps que tu arrives à construire quelque chose de solide, capable de grandir. Ça a mis du temps pour gagner un premier titre mais quand ça s’est fait l’OL n’a plus regardé derrière, pour écrire l’histoire, bien avant que je fasse partie de l’équipe.

C’est important de dire qu’il faut faire preuve de patience pour construire de grandes équipes, de bons clubs, il faut savoir attendre. Et c’est là que Lyon fait peut être encore la différence avec les autres.

Les grandes ambitions imposent une bonne mentalité dans le groupe, imposent d’avoir du caractère, imposent beaucoup de travail... et ici, chaque année, on à l’objectif de tout gagner ! Autant dire que ça demande beaucoup, mais ça vaut le coup et c’est aussi là que l’on fait la différence... C’est en réalité sur le terrain qu’il faut montrer qui on est, après, c’est le palmarès qui parle !

1er ballon d’or de l’histoire du foot féminin, une responsabilité ?

Depuis toute jeune j’ai toujours mesuré la responsabilité que porte mon image, en tant que fille dans le monde du sport. Je pense que chaque fille, chaque femme à son niveau à une responsabilité pour faire entendre sa voix parce que si chacun et chacune d’entre nous à la possibilité de faire une petite différence ça va vraiment faire avancer les choses, je crois, par rapport à l’égalité et certaines attitudes.

En ce moment, être au centre de tout çà avec le ballon d’or c’est quelque chose de fantastique pour moi ; c’est encore plus grand que mes rêves. Ça me donne une position privilégiée pour parler, pour faire simplement un peu entendre ma voix sur des sujets importants, de façon pertinente, efficace.

Mais tout ça n’a rien changé à ma vie, ça ne change pas mon quotidien mais je suis parfaitement consciente que je peux porter cette petite chose, faire cette petite différence  pour que les choses avancent !

Sur le terrain et en dehors du terrain, c’est un travail de tous les jours parce que quand tu joues au foot comme femme je crois quand même qu’il reste du chemin à faire, même si on ne le voit pas trop ici à l’OL, il y a tellement d’autres clubs avec des filles qui ont vraiment besoin d’aide pour développer ce sport.

Ada Hegerberg sur le terrain


Ici je me sens quand même mieux respectée comme joueuse et comme femme même si je sais qu’il y a encore des attitudes à changer, l’OL reste vraiment l’exemple à suivre en la matière. Partout dans le monde il y a des tensions sur le sujet, dans le foot comme dans tous les domaines c’est le cumul des petits exemples comme des grands exemples font avancer les choses.

Personnellement, je ne me suis jamais posé la question femme/homme, je me suis toujours considérée comme un footballeur ! Vous, vous dites footballeuse mais en norvégien, en anglais, on est football player quoi !

Je n’ai jamais considéré avoir moins de valeur comme femme que comme un garçon qui joue au foot ; ça vient de ma famille et de ma culture. En Norvège, en société, c’est un sujet dont tout le monde discute, sans problème, tous les jours. Et dans ma famille l’égalité est une évidence. Par contre, dans le milieu du sport c’est très différent, le sujet est compliqué et l’écart est grand. Je sais et je vois qu’en France, dans la société, le sujet est encore compliqué mais dans mon domaine, ici, dans le foot, je ne peux pas être mieux ! C’est le top ! Comme quoi il n’y a pas de système parfait...

Vous habitez Lyon ?

Oui. C’est une chance de jouer à l’OL, évidemment, mais c’est aussi une grande chance d’habiter à Lyon. Je me suis toujours sentie à la maison ici. J’adore la culture, le cadre, l’ambiance, le climat... C’est fondamental pour moi d’avoir une vie normale, de pouvoir penser et faire d’autres choses sympas pour être à 100% de moi quand je rentre sur le terrain ! Pour être bien dans le boulot il faut être bien dans sa vie... et ici c’est vraiment cool !

Ma famille, mon fiancé et mes amis adorent Lyon. Ils viennent souvent me voir. Je suis l’une des seules filles du groupe à habiter en ville. J’aime la ville, j’aime habiter ici pour me relâcher, pour m’évader et revenir toujours plus forte sur le terrain !

Je prends souvent mon vélo le dimanche et le lundi pour me balader et prendre un café en ville. Je prends un livre, je suis tranquille quoi ! J’ai besoin de ça et Lyon me le donne.

C’est aussi sans doute cette qualité de vie qui fait qu’au-delà du prestige du club, les filles restent longtemps à Lyon. C’est bon pour faire grandir une équipe qu’il n’y ait pas trop de turnover.

8 mars ?

Pour moi, c’est tous les jours le 8 mars - éclat de rire - !  En fait je ne comprends pas la vision négative sur un monde partagé à égalité entre les hommes et les femmes. Je suis contente que les footballeurs gagnent beaucoup de sous, ils le méritent apparemment  mais il faut faire monter les filles ! Il faut que les femmes, les jeunes filles aient  les mêmes opportunités de devenir pro, de faire ce qu’elles veulent de leur vie !

Pour réussir ?

Il faut d’abord avoir profondément confiance en soi. Je crois que quand elles sont jeunes, les filles ont un peu moins confiance que les garçons. C’est donc important de créer les conditions, en foot comme ailleurs pour que tu te sentes bien dans ton sport, dans ce que tu es. Et surtout, il ne faut jamais cesser de croire ! Le rêve doit venir du plus profond de toi. C’est le tien, il doit être grand. Ce n’est pas celui de tes parents ou de n’importe qui, c’est avant tout le tien, rien que le tien ! Croyez en vous les filles !

A voir : le programme de mars dans le cadre de la journée internationale pour les droits des femmes

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