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Hommage
- Publié le 21 octobre 2020

Hommage à Samuel Paty

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Discours prononcé par le Maire de Lyon, Grégory Doucet , lors de la cérémonie d'hommage à M Samuel Paty, à l'Hôtel de Ville.

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Mesdames et Messieurs les élu.e.s, Mesdames et Messieurs,

Nous sommes réunis en ce mercredi 21 octobre 2020, pour rendre hommage à la mémoire de M. Samuel Paty, père de famille et enseignant en Histoire-Géographie au Collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Ste-Honorine dans les Yvelines.

Il s’agit d’un hommage national. Les drapeaux sont en berne.

Samuel Paty a été assassiné vendredi 16 octobre dans des circonstances atroces.

L’attaque terroriste dont il a été la victime nous atteint toutes et tous au plus profond de nos cœurs et de nos âmes. Le pays tout entier pleure la perte d’un être cher et d’un dévoué serviteur.

En qualité de maire de Lyon et en votre nom à toutes et à tous, je tiens à adresser à sa famille et à ses proches, à ses amis ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative qui est si douloureusement touchée, nos condoléances, nos pensées, notre sympathie, notre solidarité et l’assurance qu’il ne sera jamais oublié.

Au nom de toutes les lyonnaises et de tous les lyonnais, je leur exprime notre plein soutien et toute notre amitié dans cette terrible épreuve qui les frappe.

Samuel Paty est désormais un héros national qui incarne pour toujours la poursuite de notre idéal républicain.

Nous voulons aussi dire à toutes les enseignantes et à tous les enseignants qui soignent au quotidien les plaies de notre société que nous savons à quel point ils et elles participent à adoucir la vie, à protéger nos enfants de la brutalité du monde, à les aider à grandir à l’abri de toute turbulence, de tout assujettissement, de toute emprise. Nous voulons leur dire qu’ils ont toute légitimité à le faire, que nous savons leur courage, que nous leur faisons confiance.

Nous voulons leur dire qu’ils et elles ne méritent jamais d’être exposés à des violences pour avoir fait usage de leur liberté pédagogique.

Nous voulons aussi rappeler, puisque besoin en est, que l’école doit demeurer un refuge, un sanctuaire, le lieu où l’on apprend à s’exprimer sans crainte, à inventer sans peur, à créer sans barreaux.

A se nourrir d’idées justes et avérées. A en débattre.

Que l’école est le lieu par excellence de la confrontation à l’altérité. Car chacune et chacun de nous est unique. Chacune et chacun de nous porte un monde à elle ou à lui seul.

L’école doit rester ou redevenir ce territoire apaisé, lieu de l’émerveillement, de la curiosité et de l’effort, de l’attention à ce qui nous entoure, de la mémoire, de la compréhension.

Où on prend peu à peu conscience de la diversité du vivant, des cultures et des pays.

Où on découvre les règles qui régissent l’univers, où on apprend à recevoir ce qui est transmis, à observer, à expérimenter, à concevoir par soi-même.

Cela s’appelle l’autonomie.

C’est encore un lieu pour se construire, s’ouvrir, faire l’expérience que la tolérance élève et que la différence enrichit.

Ainsi, l’école de la République aide à faire croître ce qu’il y a de plus beau en chacune et en chacun d’entre nous : elle ouvre la possibilité pour chaque jeune de notre pays de se lancer dans l’exploration de ses potentialités humaines, individuelles et collectives.

L’éducation est donc notre bien commun, à Lyon, comme partout en France. Les établissements scolaires des lieux à préserver quoi qu’il advienne.

Pour toutes ces raisons, c’est le cœur même de notre capacité à vivre ensemble que le fanatisme islamique a pris pour cible. Il n’y a donc pas d’autre ligne à suivre que celle de l’intransigeance. Pas d’autre voie que celle de l’unité républicaine face à la tragédie.

Car l’école est un socle de la République. L’école est l’un des moyens essentiels par lesquels notre République éclaire les ténèbres de l’ignorance et les dissipe. L’Ecole participe à rendre les citoyens plus égaux. Elle les dote de savoirs, de connaissances et de culture. D’une culture commune. Elle abat l’isolement, elle refreine les égoïsmes. Elle relie. Se faisant, elle crée les conditions du partage, de l’échange et de la solidarité de tous les membres de notre société. Elle contribue à faire de nous des égaux, des personnes libres, des êtres de fraternité.

C’est pourquoi éduquer est légitimement l’une de nos principales fiertés, c’est pourquoi aux frontons de nos bâtiments éducatifs notre devise est inscrite ou gravée.

La République n’a à céder, ni à plier, ni à reculer, ni à se montrer complaisante devant aucune pression, devant aucune forme d’intimidation. La République est une, elle est indivisible.

Et parce que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale … partout, tout le temps, elle doit réaffirmer ses valeurs et ses principes : il n’y aura ni division, ni séparation, ni différences de traitement, ni cloisonnement à l’intérieur de notre peuple.

Samuel Paty est mort dans l’exercice effectif de son métier. Il était un agent de l’Etat. Il était un agent de la fonction publique qui a rempli, dans le cadre de l’Education Nationale, sa mission d’instruire, d’émanciper, d’éveiller à l’esprit critique. Sa mission de faire vivre la devise de notre République : Liberté, égalité, fraternité.

Au nom de Lyon, pour lui et pour la République, je vous demanderai maintenant d’observer une minute de silence.

Je vous remercie. Grégory Doucet

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