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Culture
- Publié le 3 décembre 2019

Rencontre avec Richard Brunel, prochain directeur de l’Opéra de Lyon

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Crédit photo : Jean-Louis Fernandez (Détail)

Il sera le prochain directeur de l’Opéra national de Lyon, à compter de septembre 2021. À peine nommé et en partance de la Comédie de Valence, Richard Brunel travaille déjà à la programmation future d’une institution dont il partage les valeurs.

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On vous présente comme un homme de théâtre, mais vous avez mis en scène de nombreux opéras. Cela a joué en votre faveur ?

Richard Brunel : Je suis un homme de théâtre et la musique a été présente tout au long de ma carrière. J’ai chanté au sein des Jeunes voix du Rhin à la sortie de mes études de théâtre. J’ai régulièrement travaillé avec des musiciens - quatuor à cordes, quintet à vent -, dans mes spectacles. Et puis, en 2004, Serge Dorny m’a proposé de monter ici Celui qui dit oui, celui qui dit non, de Brecht et Weill, avec le chœur de la Maîtrise et des jeunes chanteurs du studio ; une première mise en scène d’opéra et l’occasion de découvrir la maison. Depuis, je n’ai jamais cessé de mettre en scène des opéras, 18 à ce jour, en France et en Europe ; du répertoire – Verdi, Berlioz, Poulenc -, comme du contemporain – Stroppa, Glass, Escaich.
Ma connaissance du processus de production très particulier d’un opéra, de la direction des chanteurs, de la collaboration avec les chefs, ont sans doute joué en ma faveur. Ainsi que les résultats artistiques et économiques unanimement reconnus de la Comédie de Valence.

Sans oublier que vous connaissez déjà l’Opéra de Lyon…
Je n’aurais pas été candidat dans un autre opéra ! Les forces artistiques, techniques, administratives sont excellentes ; c’est une maison d’une très grande qualité et je vais avoir à cœur de poursuivre le travail accompli par Serge Dorny, avec, bien sûr, une sensibilité artistique personnelle. Je me reconnais dans cette maison où j’ai commencé ma vie de metteur en scène d’opéra et où j’ai travaillé à 5 reprises ; l’esprit d’audace qu’elle propose dans le monde lyrique me stimule.

 

Même si vous ne prendrez vos fonctions qu’en septembre 2021, quelles sont vos envies ?

Je ne peux pas encore dévoiler ce qui va se passer à partir de 2021. Des choses ont déjà été posées par Serge Dorny et nous allons travailler avec Daniele Rustioni - chef principal -, à choisir des œuvres sur lesquelles nous souhaitons travailler, notamment le répertoire allemand. Le projet artistique va aussi s’appuyer sur des invités, de grands noms de la direction d’orchestre, de la voix, de la mise en scène, mais aussi la nouvelle génération. Lyon doit être à l’avant-poste des générations de demain.
L’Opéra de Lyon a la capacité de montrer le répertoire, les grands titres, dans des dramaturgies extrêmement intéressantes, de redécouvrir des œuvres rares et d’offrir de très belles propositions de création contemporaine. Des ouvertures, de nouvelles formes pourront avoir leur place, entre musique et théâtre, voix et théâtre, danse et théâtre.

De la part d’un metteur en scène de théâtre, on peut s’attendre à des œuvres en résonance avec l’actualité…
Oui, l’opéra parle d'aujourd’hui, de notre société. Il peut être le miroir du monde. Par exemple, Les Noces de Figaro parlent de ce qui se passe avec #MeToo. Il est très intéressant que les grandes questions philosophiques, politiques, sociétales, soient traitées par les compositeurs et librettistes. Par l’art on peut faire entendre des points de vue, des questions, susciter le débat et changer le regard.

Quelle place accorderez-vous au ballet, à la danse en général ?
Le ballet fait beaucoup de tournées, sa notoriété internationale est extraordinaire. Il faut montrer ce qui est fait ici dans d’autres villes, que Lyon rayonne partout.
Pour ce qui est de la danse à l’Opéra de Lyon, j’aimerais de temps à autre réunir autour d’une œuvre toutes les forces artistiques de la maison : le ballet, l’orchestre et le chœur.
Je souhaite aussi inviter de grands chorégraphes qui n’ont pas encore eu la chance de créer ici.

 

UN OPÉRA " MADE IN LYON "

 

Selon vous, comment une maison d’opéra incarne la "modernité" ?

L’opéra doit être un opéra citoyen, qui s’ouvre sur le monde. Comme le disait Jean Dasté - directeur de la Comédie de Saint-Étienne - : "Il faut avoir la ville entière comme public". J’ai à cœur de faire circuler l’opéra, qu’il se déplace dans les quartiers, dans la métropole, dans certaines villes de la région.
Les créations doivent également s’ouvrir. Il y a de nouvelles formes, de nouveaux sujets que l’opéra peut intégrer dans son ADN, comme des scénarios de films par exemple, de séries.
Du côté de l’Opéra underground aussi, de très belles choses ont été faites, qu’il faut poursuivre.

 

Allez-vous continuer votre travail d’artiste ?

Oui, j’envisage de faire une mise en scène par an et je souhaite partager cette maison avec de nombreux artistes invités. Déjà se profilent ici les représentations de Shirine, en mai 2020, sur une composition de Thierry Escaich.
Par ailleurs, je quitte Valence en fin d’année, pour m’installer à Lyon et travailler à la programmation de la saison 2021-2022. Il ne faut pas perdre de temps, les calendriers lyriques se remplissent des années à l’avance…

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Shirine à l'Opéra de Lyon

En mai prochain à Lyon, Richard Brunel signera la mise en scène de Shirine, deuxième opéra du compositeur Thierry Escaich sur un livret du prix Goncourt 2008 : Atiq Rahimi.

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